Charles Aznavour et Nicolas Sarkozy, le 7 octobre 2011 à Erevan en Arménie. Photo : Eric Feferberg/AFP
Charles Aznavour fait part dans une lettre adressée à Nicolas Sarkozy de ses "sentiments de fierté, de reconnaissance et de justice rendue" après l'adoption par l'Assemblée nationale de la loi réprimant la négation des génocides, dont celui des Arméniens.
Où l'on reparle de la proposition de loi UMP sur la pénalisation de la négation des génocides, dont celui des Arméniens... Surtout celui des Arméniens, seront-on même tenté de dire, au regard de la guerre diplomatique avec la Turquie que celle-ci a déclenchée. Ainsi, après le gel de la coopération militaire, le rappel de l'ambassadeur turc à Paris, le piratage du site de Valérie Boyer, la députée (officiellement) à l'origine du texte et la plainte de cette dernière pour avoir reçu des menaces de mort, voici donc... la lettre de Charles Aznavour à Nicolas Sarkozy, pour lui exprimer toute sa gratitude. Il faut évidemment rappeler qu'en plus d'être un ami proche de Carla Bruni-Sarkozy et le plus illustre représentant de la patrie de ses parents, le chanteur, Charles Aznavourian de son vrai nom, a été nommé, en 2009, ambassadeur d'Arménie en Suisse et représentant du pays auprès du bureau européen des Nations unies. Et que sa lettre, dont l'AFP a (opportunément) pu se procurer une copie, donnerait presque raison à elle seule à ceux qui dénoncent un texte de loi aux motifs purement électoralistes en direction de l'importante communauté arménienne de France. "Fierté" Mais de tout cela, M. Aznavour n'en a cure, lui qui ne cache pas sa joie de voir l'histoire de son pays enfin reconnue au grand jour. "Vous vous êtes exprimé à plusieurs reprises pour la condamnation du négationnisme par la loi en rappelant à juste titre que la liberté d'expression, ce n'est pas celle de manipuler l'Histoire ni celle de nier les évidences historiques", a-t-il en effet lancé à l'adresse d'un chef de l'Etat aujourd'hui dans la tourmente sur le front diplomatique. Puis de développer : "Il y a dix ans, la France avait inspiré des sentiments de fierté aux 500 000 Français d'origine arménienne, en devenant le premier Etat au monde à donner force de loi à la reconnaissance du génocide arménien. (…) A Erevan, lors de votre visite d'Etat exceptionnelle en octobre dernier, en vous rendant au Mémorial du Génocide arménien, vous avez appelé la Turquie à revisiter son histoire. Et vous avez redit tout votre engagement en faveur de I'adoption d'une loi française sur la condamnation du Génocide arménien et de leurs descendants." Le message a le mérite de la clarté : voilà un président de la République qui tient ses promesses, en plus d'avoir le sens de l'Histoire, quitte à prendre des coups. Un hommage appuyé par les "sentiments de fierté, de reconnaissance et de justice rendue" ici évoqués par le chanteur. Lequel parle même sans peur au nom de toute sa communauté au moment de conclure : "Aujourd'hui, nous sommes fiers que notre Assemblée nationale préconise la pénalisation du négationnisme." Et tant pis si le texte n'a quasiment aucune chance d'être adopté par le Sénat, et donc d'être adopté tout court ?
26.12.2011 metrofrance.com
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